La déclaration de Politique Générale du Premier Ministre M. Moustapha NIASSE

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Moustapha NIASSE
Jeudi, 20 juillet 2000

Monsieur le Président, Honorables députés,
Mesdames,   Messieurs, les Ambassadeurs et Représentants des Organisations internationales,
Mesdames, Messieurs,

Le 19 mars de 1'An 2000, par la voie des suffrages, dans la démocratie et dans la transparence, sans haine et sans violence, les Sénégalais ont voté et ont produit, avec l'aide de Dieu, l 'alternance à la tête de notre pays.
Monsieur le Président, Honorables députés,
Ce jour là, dès la clôture du scrutin, et à mesure que les résultats des différents bureaux de vote étaient rendus publics par les médias, le monde entier comprenait qu'un changement historique était en train de se dérouler au Sénégal.

Dès le lendemain,  les Sénégalais avaient acquis la conviction qu'ils avaient élu, à une majorité incontestable, Maître Abdoulaye Wade, Secrétaire général du Parti Démocratique Sénégalais et candidat du Front pour l'Alternance, comme troisième Président de la République du Sénégal.
Les conditions dans lesquelles cette alternance est survenue, le cadre dans lequel elle a été organisée ainsi que les modalités pratiques de sa mise en œuvre méritent d'être soulignés et salués comme la manifestation d'un événement majeur dans l'histoire de notre pays. L'Afrique et le monde entier en auront été les témoins.
Notre pays, le Sénégal, aujourd'hui est sorti incontestablement renforcer de cette   victoire, qui est celle de la démocratie, à l'issue des élections présidentielles de février-mars 2000. Les Sénégalais ont retrouvé espoir et confiance en l'avenir. Cet espoir, nous voulons qu'il ne soit pas déçu.

La République, une et indivisible, une fois installée une équipe de ministres autour du Chef de l'État nouvellement élu, a poursuivi son chemin, dans la permanence, dans la rigueur et dans l'intangibilité des principes qui fondent et régulent le fonctionnement de la puissance publique qui a repris la plénitude de ses prérogatives et de ses missions.  
Référence constante et creuset impérissable des valeurs héritées du passé, valeurs cultivées avec fidélité par la communauté des Sénégalais, c'est cette République et les assises sur lesquelles elle repose solidement qui ont conduit, cet après-midi,  le Chef du gouvernement, en parfait accord avec le Chef de l'État, à venir au milieu de vous pour dialoguer et pour échanger avec la représentation nationale.
Je le fais, au nom de ce gouvernement, le cœur rempli d'espoir, l 'espoir que les discussions   que nous allons engager aujourd'hui sur le présent et sur l'avenir de notre pays vont ouvrir de nouvelles brèches sur le chemin exaltant de la lutte du peuple des profondeurs pour un Sénégal dirigé autrement, apprécié autrement, compris autrement, en un mot pour un autre développement, dans la solidarité et dans 1'unité.
Il est devenu une tradition que, dans les rapports qui existent aussi harmonieusement que possible entre l'Exécutif et l 'Assemblée nationale, le Premier Ministre se présente   devant celle-ci pour exposer aux députés les composantes essentielles du programme que l'Exécutif entend réaliser dans les mois à venir. Ce programme, le gouvernement a déjà entamé sa réalisation, depuis trois mois et demi.

Pour la circonstance, il apparaît qu'il ne peut s'agir pour ce gouvernement, d'exposer ou de défendre un bilan. Si bilan il y a, il ne peut, pour les années passées, être celui de notre équipe.
Le Président de la République, à 1 'orée d'un mandat dont la Constitution fixe la durée, à la latitude, s'il plaît à Dieu, de présenter, en temps opportun, directement ou par 1 'intermédiaire de son Premier Ministre, des bilans à la nation, sur   1'exécution des missions dévolues au Chef de 1 'État et au gouvernement.
C'est depuis le 5 avril 2000, soit un peu plus de quatorze semaines, que le nouveau gouvernement, qui porte 1'alternance, a été installé et a pris en main la charge, autour du Chef de 1'État, de conduire sur le terrain son programme. Celui-ci  résulte des propositions qui avaient  été élaborées  par 1'opposition sénégalaise et qui avaient  été soumises   pendant la campagne électorale à l'appréciation des Sénégalais.
Ce programme intègre des modules reliés les uns aux autres, en conciliant deux exigences: recréer les conditions d'une prise en compte des changements nécessaires, au plan économique et social de même que dans tous les secteurs couverts par les attentes pressantes des populations , d'une pari, et, par ce biais, préparer l'avenir vers le progrès, la croissance et le bien-être, dans le respect complet des libertés et des droits de chaque citoyen, d 'autre part.
C'est dans cet esprit que depuis trois mois et demi, nous avons pris soin de 1nettre à niveau le fonctionnement des structures administratives et l'action des hommes qui les animent. Nous avons voulu mettre la puissance publique au service de ses missions originelles, c'est à dire mettre celle-ci à la disposition des hommes et du développement.

 Nous avons ciblé, en priorité, la sécurité des sénégalais, à nos frontières et à l'intérieur du pays, l'éducation, la santé, les  secteurs productifs de l'agriculture, de l'industrie et des services. Nous nous sommes attaqués, par des mesures que nous évoquerons  dans cet exposé, à la grande pauvreté dont, souffrent, de manière drastique, les populations des villes et des campagnes.   
 La femme sénégalaise, la jeunesse de notre pays, les dossiers de 1'emploi, du recrutement des diplômés des écoles de formation et de 1'Université, sont autant de dossiers sur lesquels le Conseil des Ministres s'est penché avec sérieux. Le Conseil a établi des schémas, dont les détails vous seront également présentés.

            Qu'avons nous commencé de faire, depuis quatorze semaines?

Comme chacun le sait, le Président de la République, Maître Abdoulaye Wade, a prêté serment le 1er avril 2000. Il a nommé le même jour le Premier Ministre avant de constituer, le 3 avril, un gouvernement des forces qui se sont battues pour 1'alternance, élargies à des cadres de la société civile, identifiés au Sénégal et à l'extérieur.
En quatorze semaines d'activités, ce gouvernement a tenu sept conseils des ministres, deux conseils présidentiels, quelques conseils interministériels et deux CRD (Comités   Régionaux de Développement) spéciaux consacrés aux régions de Ziguinchor et de Saint Louis, avec un accent particulier   sur la campagne agricole,   les équipements de première   urgence,   la lutte contre le phénomène des inondations' et le soutien à apporter aux populations les plus démunies.

Le gouvernement s'est attelé à prendre à bras le corps les problèmes des Sénégalais, dans un esprit de cohésion et de solidarité. Il a entrepris sans tarder une série de réformes sans précédent, de manière à libérer 1'énergie créatrice des Sénégalais, notamment celle des plus jeunes.
Premièrement, le Chef de l'État   a pris la décision que soit fait un inventaire précis, objectif et sans complaisance de la situation de notre pays.
Cet inventaire a débuté : il vise à mesurer les acquis, s'ils existent - et il est vrai qu'il en existe, - même si ces derniers sont limités et ont une incidence très relative sur l'exercice de correction et de redressement qui est entrepris actuellement.
Dans le cadre de ces initiatives, je mentionne l'audit des entreprises et des sociétés du secteur parapublic, 1'audit des sociétés   nationales, 1'audit des directions et services nationaux, 1'audit des projets logés dans des ministères, qui ont perdu certains de ces projets, parmi les plus importants, au profit de la Présidence de la République sous l'ancien régime et dans des conditions qui   ' seront bientôt élucidées et portées à la connaissance de 1'opinion publique, et 1 'audit aussi des sociétés du secteur financier et de certains organismes relevant du secteur public.
Un ordre de priorité a été fixé qui tient compte de la spécificité   de chacune de ses structures et de 1'urgence avérée d'y appliquer des règles de gestion qui relèvent   du souci de gouvernance, après des découvertes surprenantes déjà faites au milieu des missions d'audit.
Les cas concernés sont complexes et requièrent 1 'utilisation de techniques et de mécanismes d'investigations approfondies, pour débusquer - et c'est bien le mot - ce qui ne peut apparaître aisément, tant la situation est grave, si les recherches ne sont menées avec professionnalisme. C'est l'une des raisons pour lesquelles. ces missions d'audit sont conduites avec méthode, avec sérénité, et avec une grande rigueur, sans aucune précipitation